Le temps de travail en France et au Japon : Deux modèles en quête d’équilibre

Le temps de travail est un sujet de débat récurrent dans de nombreux pays, influençant la productivité, la qualité de vie et la santé des travailleurs. En France comme au Japon, les approches diffèrent radicalement. Tandis que la France a instauré la semaine de 35 heures et accorde une place importante aux congés payés, le Japon est connu pour sa culture du surtravail, parfois au prix de la santé des employés. Mais ces modèles évoluent : la France cherche à accroître sa compétitivité, tandis que le Japon tente de limiter l’excès de travail. Comparons ces deux visions du travail et leurs récentes évolutions.

Le temps de travail en France : un équilibre entre droit au repos et productivité

La France est souvent citée pour ses 35 heures hebdomadaires instaurées en 2000, bien que dans la réalité, de nombreux salariés dépassent ce seuil grâce aux heures supplémentaires ou aux accords d’entreprise.

Les avantages du modèle français

  • Une législation protectrice : le Code du travail limite les heures de travail à 10 heures par jour et 48 heures par semaine en cas de dérogation.

  • Un droit aux congés bien établi : 5 semaines de congés payés minimum, sans compter les jours fériés et les RTT (réduction du temps de travail).

  • Un encadrement du travail à distance : avec le droit à la déconnexion, les employés peuvent refuser de répondre aux emails en dehors de leurs horaires de travail.

Les limites du modèle français

  • Une productivité élevée mais une compétitivité en débat : la productivité horaire des Français est parmi les plus hautes d’Europe, mais le coût du travail reste élevé.

  • Un marché du travail rigide : les entreprises dénoncent parfois des réglementations trop strictes qui freinent l’embauche.

Le Japon : une culture du surtravail en mutation

Le Japon est connu pour son culture du travail intense, où les longues heures au bureau sont valorisées. Certains employés travaillent jusqu’à 60 heures par semaine, au risque de mettre en péril leur santé. Le phénomène du karōshi (過労死, « mort par surmenage ») a d’ailleurs entraîné des réformes pour limiter ces abus.

Les caractéristiques du modèle japonais

  • Des horaires longs mais une productivité relative : les employés passent beaucoup de temps au bureau, mais cela ne se traduit pas forcément par une meilleure efficacité.

  • Un faible taux de congés pris : bien que les Japonais aient droit à environ 20 jours de congés par an, seuls 52 % d’entre eux les utilisent réellement (Ministère du Travail, Japon, 2022).

  • Un engagement fort envers l’entreprise : la loyauté envers l’employeur est un pilier du modèle japonais, mais cela entraîne une pression sociale élevée.

Les réformes récentes

Le gouvernement japonais a introduit plusieurs mesures pour améliorer le bien-être des travailleurs :

  • Une réforme du temps de travail en 2019, limitant les heures supplémentaires à 45 heures par mois.

  • L’expérimentation de la semaine de 4 jours, testée par des entreprises comme Panasonic pour favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

  • L’encouragement du télétravail, notamment après la pandémie, pour limiter les trajets domicile-travail souvent longs.

Comparaison et perspectives d’avenir

Critère France Japon Durée légale 35 heures par semaine Environ 40 heures, mais dépasse souvent 50 heures Congés payés 5 semaines minimum 20 jours, mais peu utilisés Horaires supplémentaires Réglementées, payées ou compensées Longues heures, souvent non payées Flexibilité Marché du travail rigide Culture du travail rigide, peu de flexibilité Réformes récentes Télétravail et droit à la déconnexion Limitation des heures supplémentaires, semaine de 4 jours testée

Ce que la France pourrait apprendre du Japon

  • Tester des formules de travail plus flexibles (par exemple, une semaine de 4 jours avec des journées plus longues).

  • Renforcer l’implication des salariés dans la vie de l’entreprise pour éviter la démotivation et l’absentéisme.

Ce que le Japon pourrait apprendre de la France

  • Encourager l’utilisation des congés pour améliorer la qualité de vie des salariés.

  • Réduire la pression sociale liée au présentéisme pour favoriser une culture du résultat plutôt que du temps passé au bureau.

Un compromis entre les deux systèmes pourrait être une solution idéale : un cadre légal protecteur comme en France, couplé à une plus grande flexibilité et un meilleur équilibre entre engagement professionnel et bien-être personnel comme le Japon cherche à l’instaurer.

Sources

  • Ministère du Travail (France), "Temps de travail et réglementation", travail-emploi.gouv.fr

  • Ministère du Travail (Japon), "Labour Conditions in Japan", mhlw.go.jp

  • OCDE, "Working Hours and Productivity: France vs Japan", oecd.org

  • Nikkei Asia, "Japan's Experiment with a Four-Day Workweek", asia.nikkei.com

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