La gestion des déchets en France et au Japon : Deux approches face au défi environnemental

La gestion des déchets est un enjeu majeur pour toutes les sociétés modernes. Alors que la France et le Japon sont confrontés à des défis similaires, leurs stratégies diffèrent considérablement. D’un côté, la France mise sur la collecte centralisée et le recyclage encadré par des politiques publiques. De l’autre, le Japon applique une rigueur impressionnante dans le tri des déchets, avec une implication citoyenne remarquable. Cette comparaison permet d’explorer comment ces deux pays tentent d’optimiser leurs systèmes et ce qu’ils pourraient apprendre l’un de l’autre.

La gestion des déchets en France : un système structuré mais perfectible

En France, la gestion des déchets repose principalement sur les collectivités locales, qui assurent la collecte, le tri et l’élimination des déchets ménagers. Depuis la loi relative à la transition énergétique de 2015, le pays a renforcé ses ambitions en matière de recyclage et de réduction des déchets.

Le tri et le recyclage : une approche centralisée

La majorité des villes françaises ont mis en place un tri sélectif avec des bacs dédiés aux emballages, papiers, verres et déchets organiques. Des centres de tri et des usines de recyclage traitent ces matières pour les réintégrer dans le circuit de production. La France dispose aussi d’un système de responsabilité élargie des producteurs (REP), obligeant les entreprises à prendre en charge la fin de vie de leurs produits (ex : éco-organismes pour les emballages et équipements électroniques).

Les défis du modèle français

Malgré ces avancées, la France reste en retard par rapport à certains pays européens, avec un taux de recyclage d’environ 45 % en 2022 (source : Eurostat). Les principales difficultés résident dans :

  • Le manque d’harmonisation : chaque commune a son propre système de tri, ce qui entraîne une confusion pour les citoyens.

  • L’incinération encore très présente : bien que certaines usines d’incinération produisent de l’énergie, cette méthode reste moins écologique que le recyclage ou le compostage.

  • L’implication citoyenne limitée : le non-respect du tri entraîne souvent un rejet des déchets recyclables en décharge.

Le Japon : une rigueur exemplaire dans le tri des déchets

Au Japon, la gestion des déchets repose sur une discipline individuelle impressionnante et un cadre réglementaire strict. Chaque municipalité impose des règles précises de tri, souvent bien plus complexes que celles en vigueur en France.

Un tri minutieux et une implication citoyenne forte

Contrairement à la France où les déchets sont collectés par des services municipaux standardisés, le Japon divise ses déchets en plusieurs catégories très précises :

  • Combustibles (燃えるゴミ / Moeru gomi) : déchets organiques, papiers souillés, etc.

  • Non combustibles (燃えないゴミ / Moenai gomi) : verre, céramique, métal.

  • Plastiques recyclables (プラスチック / Purasuchikku) : emballages en plastique propres.

  • Canettes et bouteilles (缶・ビン / Kan, bin) : traitées séparément.

Chaque ville établit un calendrier de collecte strict, avec des jours précis pour chaque type de déchet. Les habitants doivent respecter ces consignes sous peine de voir leurs sacs de déchets refusés à la collecte. Par exemple, à Tokyo, il est obligatoire de rincer les bouteilles en plastique avant de les jeter, et les cartons doivent être soigneusement pliés et ficelés.

Un faible recours aux décharges mais une forte dépendance à l’incinération

Le Japon dispose de peu d’espace pour les décharges. En conséquence, environ 80 % des déchets non recyclables sont incinérés. Contrairement à la France, où l’incinération est souvent critiquée, le Japon utilise des technologies avancées pour réduire les émissions polluantes et produire de l’énergie. Des villes comme Kitakyushu ont mis en place des incinérateurs ultra-performants, couplés à des systèmes de récupération de chaleur.

Comparaison et enseignements croisés

Critère France Japon Organisation du tri Variable selon les communes Très rigoureux avec des règles strictes Implication des citoyens Moyenne, dépend du niveau de sensibilisation Forte, basée sur une culture de la responsabilité Incinération des déchets 30-40 % des déchets 80 %, avec récupération énergétique Recyclage 45 % (Eurostat, 2022) Environ 20 %, mais très strict Décharges Encore utilisées Quasiment inexistantes

Ce que la France pourrait apprendre du Japon

  • Renforcer la sensibilisation des citoyens au tri et à la réduction des déchets.

  • Standardiser les consignes de tri au niveau national pour éviter la confusion.

  • Développer des incinérateurs plus performants avec récupération énergétique.

Ce que le Japon pourrait apprendre de la France

  • Augmenter la part du recyclage au lieu de se reposer majoritairement sur l’incinération.

  • Simplifier certaines règles de tri pour éviter la surcharge administrative des citoyens.

  • Développer plus de systèmes de compostage et de gestion des biodéchets.

En combinant la discipline japonaise et l’approche réglementaire française, il serait possible de bâtir un modèle de gestion des déchets encore plus efficace et durable.

Sources

  • Ministère de la Transition écologique, "Stratégie nationale de gestion des déchets", ecologie.gouv.fr

  • Eurostat, "Recycling rates in Europe", ec.europa.eu

  • Gouvernement Métropolitain de Tokyo, "Guide du tri des déchets à Tokyo", metro.tokyo.jp

  • Japan Environmental Sanitation Center, "Waste Management in Japan", jesc.or.jp

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