Grippe hivernale 2024-2025 : comment la France et le Japon gèrent-ils cette crise épidémique dans un monde post-COVID ?
Alors que l’hiver bat son plein, la grippe s’est imposée comme une véritable épreuve pour les systèmes de santé en France et au Japon. Cette épidémie, décrite par les experts comme l’une des plus intenses de la dernière décennie, pousse les hôpitaux à bout. Mais qu’en est-il des stratégies adoptées par ces deux pays ? Et que pouvons-nous apprendre de leurs approches respectives ?
Une pression sans précédent en France
En France, l’épidémie de grippe a pris des proportions alarmantes cet hiver. Toutes les régions métropolitaines sont en phase épidémique, et les hôpitaux enregistrent une hausse spectaculaire des admissions. Santé publique France rapporte que 69 % des hospitalisations pour syndrome grippal concernent des personnes âgées de plus de 65 ans, un chiffre révélateur de la vulnérabilité de cette tranche de la population.
Les hôpitaux, déjà sous tension en raison d’un manque chronique de personnel soignant, ont activé le plan ORSAN dans plusieurs régions. Ce dispositif d’urgence permet de déprogrammer des actes médicaux non urgents et de mobiliser des équipes supplémentaires pour faire face à l’afflux de patients. Cependant, cette gestion de crise reste complexe : la démission de nombreux soignants en 2024 a aggravé la saturation des services d’urgence.
Au Japon, des habitudes bien ancrées face à la crise
Pendant ce temps, au Japon, les autorités font face à une augmentation notable des cas, mais avec une approche différente. Grâce à un système de surveillance épidémiologique avancé, les épidémies sont détectées tôt, permettant une réponse rapide. La vaccination antigrippale reste largement promue, avec une couverture de 60 % chez les populations à risque, contre seulement 49 % en France.
Mais ce qui distingue vraiment le Japon, ce sont ses pratiques préventives culturelles. Le port du masque, le lavage des mains et l’auto-isolement en cas de symptômes ne sont pas seulement des mesures sanitaires : ce sont des habitudes enracinées dans le quotidien. Ces comportements, renforcés par les leçons de la pandémie de COVID-19, contribuent à limiter la propagation de la grippe, même dans les zones urbaines densément peuplées comme Tokyo.
Deux systèmes, deux approches
La gestion de la grippe met en lumière des différences frappantes entre les systèmes de santé français et japonais.
Vaccination
La France peine à convaincre sa population à risque de se faire vacciner, malgré des campagnes de sensibilisation. Au Japon, les campagnes locales et la confiance généralisée envers les autorités sanitaires favorisent une meilleure adhésion.Capacité hospitalière
Les hôpitaux français, centralisés et souvent saturés, peinent à répondre à l’augmentation soudaine des admissions. À l’inverse, le Japon s’appuie sur ses centres de santé publique régionaux, qui jouent un rôle clé dans la coordination des soins, notamment dans les zones rurales.Prévention
Alors que la France cherche à réintroduire des gestes barrières comme le port du masque dans les transports en commun, ces pratiques sont déjà ancrées dans la vie quotidienne au Japon, même hors période de crise.
Qu’avons-nous appris du COVID-19 ?
La pandémie de COVID-19 a laissé une empreinte indélébile sur la gestion des crises sanitaires. En France, elle a permis le développement d’outils comme SI-VIC, un système numérique pour le suivi en temps réel des hospitalisations. Au Japon, les investissements dans la numérisation des services de santé et les stocks stratégiques de médicaments antiviraux, comme le favipiravir, renforcent la résilience du pays face aux épidémies.
Des leçons pour l’avenir
La grippe hivernale de 2024-2025 est un rappel que, malgré les avancées médicales, les systèmes de santé restent vulnérables aux épidémies saisonnières. Si la France peut s’inspirer des pratiques préventives japonaises, le Japon pourrait tirer parti des efforts français pour améliorer l’accessibilité des soins en milieu rural.
Dans un monde post-COVID, la résilience face aux crises sanitaires repose autant sur les infrastructures médicales que sur la capacité des sociétés à adopter des comportements responsables. Et sur ce point, il reste beaucoup à apprendre, des deux côtés.
Sources fiables pour aller plus loin
Santé publique France : www.santepubliquefrance.fr
National Institute of Infectious Diseases (NIID), Japon : www.niid.go.jp
Ministère de la Santé, France : www.gouvernement.fr
Haute Autorité de Santé (HAS), France : www.has-sante.fr
Ministry of Health, Labour and Welfare, Japon : www.mhlw.go.jp